La réalisation des temps messianiques dépend d’un mouvement de la conscience confrontée à une condition qui la dépasse et la transcende, mais aussi l’invite à l’action : « Si vous revenez à Moi, Je reviens à vous ». Cette condition demande de la part de la conscience une liberté absolue. Comment cette liberté absolue se concile avec l’être, d’une part, et avec l’exigence de la responsabilité pour autrui, d’autre part ? C’est l’être et la responsabilité qui doivent être pensés à partir de cette dimension conditionnelle. Si l’être cesse d’être pensé comme se produisant d’un seul coup dans la présence, l’étalement du temps dans lequel l’être se produit présuppose la notion d’intervalle, qui seule rend visible la durée de l’être, l’être en tant que durée, qui n’est plus comprise comme une permanence mais comme une continuation à travers la rupture. Comment penser la rupture structurant l’intervalle du temps qui permet de distinguer le geste dans lequel l’être se produit – l’événement de l’être, sa verbalité – de l’essence produite, de la parole qui le manifeste ? Comment penser la profondeur entre le geste et la parole que la discontinuité du temps assure ? Il s’agit, peut-être, de renverser cette articulation entre l’action et la parole, pour penser l’éventualité d’une parole qui annonce le geste de l’être, la possibilité d’une profondeur entre la parole et l’action, où le geste de l’être, les res gestae, l’histoire viennent se manifester, se qualifier et ainsi se soumettre au jugement. Ce renversement appartient à la structure de la temporalité messianique, qui est rupture de la succession linéaire du temps, fondée sur la corrélation entre une origine et une fin. Cette rupture, investissant la conscience morale et structurant l’ipséité du moi, permet de juger l’histoire, où l’événement de l’être semble achever son terme et se produire comme totalité. La condition de cette continuation à travers la rupture réside dans l’infinition de l’infini, qui joue, telle est notre thèse, un rôle décisif pour la compréhension du messianisme lévinassien.

Mélancolie et messianisme. L'infinition de l'infini comme horizon du jugement

DURANTE, Massimo
2005-01-01

Abstract

La réalisation des temps messianiques dépend d’un mouvement de la conscience confrontée à une condition qui la dépasse et la transcende, mais aussi l’invite à l’action : « Si vous revenez à Moi, Je reviens à vous ». Cette condition demande de la part de la conscience une liberté absolue. Comment cette liberté absolue se concile avec l’être, d’une part, et avec l’exigence de la responsabilité pour autrui, d’autre part ? C’est l’être et la responsabilité qui doivent être pensés à partir de cette dimension conditionnelle. Si l’être cesse d’être pensé comme se produisant d’un seul coup dans la présence, l’étalement du temps dans lequel l’être se produit présuppose la notion d’intervalle, qui seule rend visible la durée de l’être, l’être en tant que durée, qui n’est plus comprise comme une permanence mais comme une continuation à travers la rupture. Comment penser la rupture structurant l’intervalle du temps qui permet de distinguer le geste dans lequel l’être se produit – l’événement de l’être, sa verbalité – de l’essence produite, de la parole qui le manifeste ? Comment penser la profondeur entre le geste et la parole que la discontinuité du temps assure ? Il s’agit, peut-être, de renverser cette articulation entre l’action et la parole, pour penser l’éventualité d’une parole qui annonce le geste de l’être, la possibilité d’une profondeur entre la parole et l’action, où le geste de l’être, les res gestae, l’histoire viennent se manifester, se qualifier et ainsi se soumettre au jugement. Ce renversement appartient à la structure de la temporalité messianique, qui est rupture de la succession linéaire du temps, fondée sur la corrélation entre une origine et une fin. Cette rupture, investissant la conscience morale et structurant l’ipséité du moi, permet de juger l’histoire, où l’événement de l’être semble achever son terme et se produire comme totalité. La condition de cette continuation à travers la rupture réside dans l’infinition de l’infini, qui joue, telle est notre thèse, un rôle décisif pour la compréhension du messianisme lévinassien.
2005
Cahiers d'Etudes Lévinassiennes. Messianisme
Verdier
4
49
85
9782864324348
Jugement; Messianisme; Secularisation; Loi; Histoire
M. DURANTE
File in questo prodotto:
Non ci sono file associati a questo prodotto.

I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.

Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/2318/11997
Citazioni
  • ???jsp.display-item.citation.pmc??? ND
  • Scopus ND
  • ???jsp.display-item.citation.isi??? ND
social impact