Au tournant du XXème siècle, la publication du poème ʻLa Scienceʼ dans "Le Mouvement socialiste" déclenche un vif débat autour de Verhaeren entre les revues littéraires les plus renommées de France et de Belgique. Du puissant réalisme descriptif des gestes grossiers et bestiaux des "Campagnes hallucinées" à la modernité machiniste des "Forces tumultueuses" de 1902, Verhaeren concrétise un parcours de transvaluation de la Beauté poétique, en étendant le domaine de la lyrique française au terrain de la téchnê de la ville. Prophète de la synthèse entre la science et la religion, l’écrivain développe une mystique de l’énergie et de l’enthousiasme où le rôle du poète, croyant déjà ce que d’autres sauront, sera censé porter secours aux limites du savoir humain. Les approches critiques à la poétique de Verhaeren ont jusqu’aujourd’hui mis en évidence les quatre phases traversées par l’œuvre du poète (religieuse, sociale, nationale et éthique). Notre étude vise, en revanche, à pénétrer cette poésie de l’homme moderne selon une perspective de lecture nouvelle, reposant sur un double objectif : d’un côté on a primé sur l’importance du débat journalistique autour de la poétique scientifique de Verhaeren et de son écho dans la correspondance privée du poète ; de l’autre, notre attention s'est concentrée sur les implications esthétiques engendrées par son parcours de recherche autour de la foi retrouvée, c’est-à-dire autour de la force qui ondoie du minéral obscur jusqu’aux cerveaux humains. Par le biais de cet axe de lecture, le lyrisme de Verhaeren assume de façon évidente toute sa puissance philosophique : l’évolution poétique de l’auteur dépasse ainsi les vers des "Flambeaux noirs", encore alourdis par un irréprochable clin d’œil aux disciplines classiques, pour se vouer à une métrique qui reproduit musicalement les marches rythmiques de la migration épique de la campagne flamande à la ville.
Verhaeren ou les Forces Tumultueuses d’un religieux de la science
DI MAURO, ELEONORA
2013-01-01
Abstract
Au tournant du XXème siècle, la publication du poème ʻLa Scienceʼ dans "Le Mouvement socialiste" déclenche un vif débat autour de Verhaeren entre les revues littéraires les plus renommées de France et de Belgique. Du puissant réalisme descriptif des gestes grossiers et bestiaux des "Campagnes hallucinées" à la modernité machiniste des "Forces tumultueuses" de 1902, Verhaeren concrétise un parcours de transvaluation de la Beauté poétique, en étendant le domaine de la lyrique française au terrain de la téchnê de la ville. Prophète de la synthèse entre la science et la religion, l’écrivain développe une mystique de l’énergie et de l’enthousiasme où le rôle du poète, croyant déjà ce que d’autres sauront, sera censé porter secours aux limites du savoir humain. Les approches critiques à la poétique de Verhaeren ont jusqu’aujourd’hui mis en évidence les quatre phases traversées par l’œuvre du poète (religieuse, sociale, nationale et éthique). Notre étude vise, en revanche, à pénétrer cette poésie de l’homme moderne selon une perspective de lecture nouvelle, reposant sur un double objectif : d’un côté on a primé sur l’importance du débat journalistique autour de la poétique scientifique de Verhaeren et de son écho dans la correspondance privée du poète ; de l’autre, notre attention s'est concentrée sur les implications esthétiques engendrées par son parcours de recherche autour de la foi retrouvée, c’est-à-dire autour de la force qui ondoie du minéral obscur jusqu’aux cerveaux humains. Par le biais de cet axe de lecture, le lyrisme de Verhaeren assume de façon évidente toute sa puissance philosophique : l’évolution poétique de l’auteur dépasse ainsi les vers des "Flambeaux noirs", encore alourdis par un irréprochable clin d’œil aux disciplines classiques, pour se vouer à une métrique qui reproduit musicalement les marches rythmiques de la migration épique de la campagne flamande à la ville.
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