Introduction: Luther, la Réforme, la Modernité

L’année 2017 a marqué la célébration du 500ᵉ anniversaire de l’affichage des 95 thèses de Luther à Wittenberg. Cet événement, traditionnellement présenté comme le point de départ de la Réforme protestante, a longtemps été tenu pour une rupture majeure dans l’histoire des sociétés européennes et, au fond, pour l’acte de naissance de la modernité, manifeste dans l’affirmation des droits de la conscience, la subjectivation croissante de la religion et de la politique, ou encore l’essor d’un nouvel ethos économique qui favorisera, à terme, l’éclosion du capitalisme. A l’heure où la crise des sociétés européennes fait vaciller ces anciennes certitudes, en posant en termes nouveaux les questions du pluralisme religieux, des droits de la conscience, de la participation individuelle à la Res Publica ou encore de la viabilité du capitalisme, il n’est sans doute pas inutile de revenir sur ce récit fondateur et de convier les meilleurs spécialistes à revenir sur la relation entre Réforme et modernité.