Sur le rapport entre art et pensée chez le Cusain, nous en savons long: il était l’ami et le correspondant de Leon Battista Alberti, il était commanditaire de surprenants portraits mystiques d’un Christ tout puissant (en témoigne une feuille de dépenses pour l’exemplum pictural au centre de la manuductio mise en scène dans le De visione Dei, icone du deus cuncta videns d’un auteur inconnu), un grand amateur des peintres primitifs flamands (tout du moins de Rogerius, alias Rogier Van der Weyden), et pour finir également le commanditaire de la magnifique fresque absidale présentant un rare Deus Trifrons dont l’auteur est Leonardo da Bressanone, fresque située dans l’église paroissiale de Santa Giuliana à Vigo di Fassa (diocèse de Bressanone) inaugurée par le Cusain en personne le 23 juillet 1452 (au moment même où il était en train de finir le De visione Dei). Paradoxalement, nous possédons moins d’informations sur Ficin, bien qu’il ait été l’âme de cette «Platonica familia» qui s’était réunie dans la villa de Careggi, siège de l’Académie Platonicienne créée en 1462 par Côme de Médicis: c’était un lieu où se rencontraient des artistes, des poètes et des philosophes comme Cristoforo Landino, Laurent de Médicis, Pic de la Mirandole et Ange Politien. On sait bien par ailleurs à quel point Ficin aimait la musique, dont la beauté, selon ses dires, effleurait l'intelligible. Il en analysa l'effet psychologique dans certains de ses brefs traités et il n'est pas exclu même que Ficin, d’après les témoignages qui nous sont parvenus, ait joué d’un instrument dans des cercles restreints d'amis et d’admirateurs de sa pensée. Nous savons qu'il était lui aussi l’ami de L.B. Alberti et qu’il était en rapport étroit avec Antonius pictor et sculptor c’est-à-dire Antonio Pollaiolo, frère de Piero, moins connu que lui . À propos de son intérêt pour la musique, il faut s’arrêter un instant sur le terme de consonantia, qui, entendu dans le sens de proportion diachronique, devient dans le temps, en pénétrant la réalité, un air vivifiant qui souffle des sphères supérieures. Les allusions de Ficin à la doctrine pythagoricienne de l'harmonie céleste sont ici évidentes, tout comme ses contaminations augustiniennes .
Nicolas de Cues, Marsile Ficin et Sandro Botticelli
Gianluca Cuozzo
2019-01-01
Abstract
Sur le rapport entre art et pensée chez le Cusain, nous en savons long: il était l’ami et le correspondant de Leon Battista Alberti, il était commanditaire de surprenants portraits mystiques d’un Christ tout puissant (en témoigne une feuille de dépenses pour l’exemplum pictural au centre de la manuductio mise en scène dans le De visione Dei, icone du deus cuncta videns d’un auteur inconnu), un grand amateur des peintres primitifs flamands (tout du moins de Rogerius, alias Rogier Van der Weyden), et pour finir également le commanditaire de la magnifique fresque absidale présentant un rare Deus Trifrons dont l’auteur est Leonardo da Bressanone, fresque située dans l’église paroissiale de Santa Giuliana à Vigo di Fassa (diocèse de Bressanone) inaugurée par le Cusain en personne le 23 juillet 1452 (au moment même où il était en train de finir le De visione Dei). Paradoxalement, nous possédons moins d’informations sur Ficin, bien qu’il ait été l’âme de cette «Platonica familia» qui s’était réunie dans la villa de Careggi, siège de l’Académie Platonicienne créée en 1462 par Côme de Médicis: c’était un lieu où se rencontraient des artistes, des poètes et des philosophes comme Cristoforo Landino, Laurent de Médicis, Pic de la Mirandole et Ange Politien. On sait bien par ailleurs à quel point Ficin aimait la musique, dont la beauté, selon ses dires, effleurait l'intelligible. Il en analysa l'effet psychologique dans certains de ses brefs traités et il n'est pas exclu même que Ficin, d’après les témoignages qui nous sont parvenus, ait joué d’un instrument dans des cercles restreints d'amis et d’admirateurs de sa pensée. Nous savons qu'il était lui aussi l’ami de L.B. Alberti et qu’il était en rapport étroit avec Antonius pictor et sculptor c’est-à-dire Antonio Pollaiolo, frère de Piero, moins connu que lui . À propos de son intérêt pour la musique, il faut s’arrêter un instant sur le terme de consonantia, qui, entendu dans le sens de proportion diachronique, devient dans le temps, en pénétrant la réalité, un air vivifiant qui souffle des sphères supérieures. Les allusions de Ficin à la doctrine pythagoricienne de l'harmonie céleste sont ici évidentes, tout comme ses contaminations augustiniennes .File | Dimensione | Formato | |
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