Entre 1922 et 1923 paraissent à Paris les 13 fascicules du Bulletin de la Chimère, petite revue théâtrale fondée par Gaston Baty et ses Compagnons dans le cadre de l’expérience de La Baraque de La Chimère, salle à la vie éphémère mais capable de jeter les bases sur lesquelles le Studio des Champs-Elysées et le Théâtre Montparnasse donnèrent leurs meilleurs productions dans les années Trente et Quarante. Il sera suivi par "Masques", périodique de critique dramatique publiant des pièces inédites aussi, lors justement des années d'or de la carrière de Baty. Le Bulletin se configure comme beaucoup plus qu’une simple brochure périodique informant sur l’activité d’une salle de spectacle. Il est conçu et construit comme un véritable laboratoire: un lieu pour le partage et la discussion des idées sur l’art théâtral, sur la mise en scène, sur les contenus, les tons et les langages d’une programmation souhaitant apporter de l’innovation et être expression de l’époque contemporaine. Dans le "Bulletin" d'abord et dans "MAsques" après, l’art de faire du théâtre y est abordée à 360 degrés, en impliquant des auteurs, des acteurs, des critiques et des metteurs en scènes. On y présente des dramaturges émergeants et on y commente des mises en scène originales, on y aborde la question sur le présent et le futur de la vie théâtrale, on y esquisse des brouillons de futurs essais critiques, on y propose des enquêtes et on dresse des bilans des enquêtes autour de l’art dramatique parues dans des journaux et des périodiques des mêmes années, tout en essayant de suggérer quels chemins restent à défricher pour innover et pour remettre au théâtre son ancienne dignité, le sauvant des dérives commerciales à la mode. Par notre contribution, nous souhaitons dévoiler cette expérience journalistique peu connue mais intense, où maints parcours théâtraux successifs s’enracinent. Nous examinerons l'équipe travaillant autour de Baty, en mettant en évidence sa valeur exemplaire pour la promotion du débat et de la confrontation constructive entre des points de vue et des compétences différents, pour la volonté de stimuler la réflexion critique et pour le projet d’édifier quelque chose d’“absolument moderne”. Nous analyserons cet “atelier” théâtral comme exemple de bonne pratique, sans oublier sa limite (qui forme en même temps sa force et sa qualité) : sa nature restreinte à un cénacle d’experts, quoique ouvert à des expériences et à des formations parallèles.

La presse comme laboratoire pour le partage et la discussion des poétiques et des esthétiques théâtrales pendant l’entre-deux-guerres

Cristina Trinchero
2022-01-01

Abstract

Entre 1922 et 1923 paraissent à Paris les 13 fascicules du Bulletin de la Chimère, petite revue théâtrale fondée par Gaston Baty et ses Compagnons dans le cadre de l’expérience de La Baraque de La Chimère, salle à la vie éphémère mais capable de jeter les bases sur lesquelles le Studio des Champs-Elysées et le Théâtre Montparnasse donnèrent leurs meilleurs productions dans les années Trente et Quarante. Il sera suivi par "Masques", périodique de critique dramatique publiant des pièces inédites aussi, lors justement des années d'or de la carrière de Baty. Le Bulletin se configure comme beaucoup plus qu’une simple brochure périodique informant sur l’activité d’une salle de spectacle. Il est conçu et construit comme un véritable laboratoire: un lieu pour le partage et la discussion des idées sur l’art théâtral, sur la mise en scène, sur les contenus, les tons et les langages d’une programmation souhaitant apporter de l’innovation et être expression de l’époque contemporaine. Dans le "Bulletin" d'abord et dans "MAsques" après, l’art de faire du théâtre y est abordée à 360 degrés, en impliquant des auteurs, des acteurs, des critiques et des metteurs en scènes. On y présente des dramaturges émergeants et on y commente des mises en scène originales, on y aborde la question sur le présent et le futur de la vie théâtrale, on y esquisse des brouillons de futurs essais critiques, on y propose des enquêtes et on dresse des bilans des enquêtes autour de l’art dramatique parues dans des journaux et des périodiques des mêmes années, tout en essayant de suggérer quels chemins restent à défricher pour innover et pour remettre au théâtre son ancienne dignité, le sauvant des dérives commerciales à la mode. Par notre contribution, nous souhaitons dévoiler cette expérience journalistique peu connue mais intense, où maints parcours théâtraux successifs s’enracinent. Nous examinerons l'équipe travaillant autour de Baty, en mettant en évidence sa valeur exemplaire pour la promotion du débat et de la confrontation constructive entre des points de vue et des compétences différents, pour la volonté de stimuler la réflexion critique et pour le projet d’édifier quelque chose d’“absolument moderne”. Nous analyserons cet “atelier” théâtral comme exemple de bonne pratique, sans oublier sa limite (qui forme en même temps sa force et sa qualité) : sa nature restreinte à un cénacle d’experts, quoique ouvert à des expériences et à des formations parallèles.
2022
Écrire l’inouï. La critique dramatique dépassée par son objet (XIXe-XXIe siècles)
Presses Universitaires de Provence
Scènes
195
207
9791032003633
Teatro francese, entre-deux-guerres, Gaston Baty, periodici, critica teatrale
Cristina Trinchero
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