Reformulations du genre (masculin/féminin). Une expérience in vitro

Le genre comme rapport social est une catégorisation, produite par un ensemble d’actes significatifs. Il acquiert sa force normative à travers des reformulations, entendues ici au sens de répétions non-identiques sans énoncé original de ces actes significatifs. Or, les individus n’étant ni des catégories, ni des représentants de leur catégorie, ce travail catégoriel d’assignation du genre se fait nécessairement au prix de torsions du réel pour regrouper au sein d’une même catégorie des êtres extrêmement divers (travail intra-catégoriel) et distinguer catégoriquement des êtres similaires (travail inter-catégoriel). En s’intéressant à l’énonciation de traits inconsistants ou contradictoires, ceux malgré lesquels on catégorise, on voit apparaître explicitement la reformulation comme travail des catégories. À travers une tâche d’observation de photos de visages humains par des locuteur.trices du français de France et de l’anglais de Hong Kong, j’ai récolté un corpus de reformulations du genre dont je propose une typologie. L’analyse montre alors que les reformulations du genre sont des stratégies pour relier les individus à des catégories.