Écrivain marocain d’expression française, Abdellah Taïa inscrit le rapport à la langue au cœur de sa poétique. L’instance narrative de ses livres à forte inspiration autobiographique présente la langue française comme un outil d’émancipation et d’assujettissement néocolonial à la fois. Imaginaire linguistique et imaginaire littéraire se croisent alors dans la représentation du français des milieux littéraires et universitaires comme langue du tortionnaire (Genet, 1991) qui construit le sujet et que le sujet tente de réinventer à son tour. Fantasme qui répond aux attentes érotiques et orientalistes de ses maîtres-amants ou bien agent d’un retour conscient sur son propre parcours, le « je » se construit, dans texte et paratexte, au fil d’un rapport conflictuel avec la langue dans laquelle il est devenu écrivain (Boulé, 2020). La notion de tension épilinguistique (Canut, 1998) sera donc utilisée pour observer le discours sur la langue élaboré par Taïa dans son œuvre mais encore dans les entretiens et dans quelques interventions radiophoniques. Nous allons observer les mécanismes sociaux qui informent ces représentations du français (et du rapport arabe-français) ainsi que la manière dont l’auteur reconfigure au fil du temps son imaginaire linguistique (Houdebine, 2002) par le biais d’une écriture qui, dans son rythme psalmodiant et dans ses procédés allocutifs, cherche à faire une place à l’altérité constitutive du sujet tout en lui permettant de s’épargner les déchirures d’un rapport trop direct et solitaire au réel (Mehler, Argentieri, Canestri, 1990).

« Je sors de cette langue que je ne supporte plus ». Tension épilinguistique dans l’œuvre d’Abdellah Taïa

silvia nugara
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Abstract

Écrivain marocain d’expression française, Abdellah Taïa inscrit le rapport à la langue au cœur de sa poétique. L’instance narrative de ses livres à forte inspiration autobiographique présente la langue française comme un outil d’émancipation et d’assujettissement néocolonial à la fois. Imaginaire linguistique et imaginaire littéraire se croisent alors dans la représentation du français des milieux littéraires et universitaires comme langue du tortionnaire (Genet, 1991) qui construit le sujet et que le sujet tente de réinventer à son tour. Fantasme qui répond aux attentes érotiques et orientalistes de ses maîtres-amants ou bien agent d’un retour conscient sur son propre parcours, le « je » se construit, dans texte et paratexte, au fil d’un rapport conflictuel avec la langue dans laquelle il est devenu écrivain (Boulé, 2020). La notion de tension épilinguistique (Canut, 1998) sera donc utilisée pour observer le discours sur la langue élaboré par Taïa dans son œuvre mais encore dans les entretiens et dans quelques interventions radiophoniques. Nous allons observer les mécanismes sociaux qui informent ces représentations du français (et du rapport arabe-français) ainsi que la manière dont l’auteur reconfigure au fil du temps son imaginaire linguistique (Houdebine, 2002) par le biais d’une écriture qui, dans son rythme psalmodiant et dans ses procédés allocutifs, cherche à faire une place à l’altérité constitutive du sujet tout en lui permettant de s’épargner les déchirures d’un rapport trop direct et solitaire au réel (Mehler, Argentieri, Canestri, 1990).
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Abdellah Taia, genere e sessualità, tension épilinguistique, imaginaire linguistique
silvia nugara
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/2318/1968151
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