L’ambiguïté des larmes: Rousseau et la moralité de l’émotion

L’objectif de la contribution est d’étudier la vive attention que Rousseau porte aux larmes, qui sont pour lui la manifestation privilégiée de l’émotivité. Leur essence est en fait inévitablement suspendue entre l’immédiateté naturelle et l’artifice culturel, entre le processus physiologique et la norme morale. Dans l’œuvre de Jean-Jacques, la complexité des larmes ne se limite pas à l’ambivalence entre larmes somatiques et larmes émotives – trait distinctif de toute la littérature sentimentale du dix-huitième siècle – mais implique, à un second niveau, l’ambiguïté des larmes émotives elles-mêmes, qui relève d’une tension typique de l’œuvre de Rousseau, tension interne à la sensibilité morale.