Vers une sémiotique de la protestation

Rarement un jour ne s’écoule sans que le regard tombe sur des images, statiques ou en mouvement, représentant des hommes et des femmes qui interrompent le ménage quotidien de leur vie pour dire « non », pour vouer leur énergie sémiotique à la cause d’une protestation. Ce qui plus frappe le sémioticien c’est l’inépuisable créativité de ce processus. Langage aux mille ruses, le discours de la protestation se plie aux circonstances, il s’adapte aux finalités, mais il invente aussi, sans cesse. On se souvient sans doute du danseur turc qui protestait contre son gouvernement en fixant immobile, pendant des heures, debout dans le froid, le drapeau de la nation ; ni peut-on oublier non plus la vieille dame ukrainienne qui, placée face à un policier en tenue anti-émeute, lui mettait devant les yeux un miroir aussi grand qu’un bouclier, ainsi déclenchant une réflexion à la fois optique et existentielle.