L’exaltation du martyre, la prédication du sacrifice patriotique avaient tout d’abord été le centre de la religion politique de Mazzini, et la construction précoce d’une mythologie politique, le culte des martyrs et de la mort héroïque pour légitimer l’action révolutionnaire ont continué à être un trait particulier de l’idéalisme mazzinien dans les année du Risorgimento. Cela semble d’autant plus vrai en regardant l’épilogue de la République romaine, le moment le plus avancé politiquement des deux années révolutionnaires 1848-1849: une succession d’actes d’héroïsme, de sacrifice collectif, des corps, des restes, des reliques, un véritable political drama, pas seulement du Risorgimento italien mais de toute l’histoire de l’Europe du XIXe siècle. De cette dense épopée révolutionnaire c’est avant tout le mythe de Goffredo Mameli qui émerge, l’auteur du Canto degli Italiani, le barde de la Giovine Italia, destiné à devenir un symbole de la révolution nationale pour des générations des patriotes, des combattants et des exilés. Pourtant, sa mémoire et son mythe devaient servir une longue période de silence, nourris seulement dans la clandestinité politique italienne et européenne par l’action commémorative de Mazzini lui-même, de Garibaldi, de Nino Bixio. Malgré la prise de Rome du XX septembre 1870, seulement la disparition de Mazzini deux ans plus tard a assuré les conditions politiques pour la récupération du corps du Mameli (embaumé par Agostino Bertani en 1849 et caché dans la crypte d’une église romaine); mais on a dû attendre la période de la Gauche au pouvoir afin qu’à côté de la figure de Garibaldi on célèbre également celle de Mameli, qui entre-temps était devenu aussi l’un des symboles de l’athéisme maçonnique. Si la portée révolutionnaire de sa figure s’est par la suite reflétée dans la production littéraire de Giosuè Carducci et de Anton Giulio Barrili et est entrée en permanence dans la mythographie révolutionnaire européenne, c’est la liturgie funéraire du fascisme qui se réapproprie de son patrimoine immatériel, en transportant sa figure vers une frontière politique sans précédent, à l’intérieur d’une relation complexe et difficile de la politique culturelle du régime avec l’héritage de l’histoire de la patrie.
Le martyre de Mameli: conservation, oubli, réhabilitation publique d’un mythe révolutionnaire du Risorgimento au fascisme
Silvia Cavicchioli
2021-01-01
Abstract
L’exaltation du martyre, la prédication du sacrifice patriotique avaient tout d’abord été le centre de la religion politique de Mazzini, et la construction précoce d’une mythologie politique, le culte des martyrs et de la mort héroïque pour légitimer l’action révolutionnaire ont continué à être un trait particulier de l’idéalisme mazzinien dans les année du Risorgimento. Cela semble d’autant plus vrai en regardant l’épilogue de la République romaine, le moment le plus avancé politiquement des deux années révolutionnaires 1848-1849: une succession d’actes d’héroïsme, de sacrifice collectif, des corps, des restes, des reliques, un véritable political drama, pas seulement du Risorgimento italien mais de toute l’histoire de l’Europe du XIXe siècle. De cette dense épopée révolutionnaire c’est avant tout le mythe de Goffredo Mameli qui émerge, l’auteur du Canto degli Italiani, le barde de la Giovine Italia, destiné à devenir un symbole de la révolution nationale pour des générations des patriotes, des combattants et des exilés. Pourtant, sa mémoire et son mythe devaient servir une longue période de silence, nourris seulement dans la clandestinité politique italienne et européenne par l’action commémorative de Mazzini lui-même, de Garibaldi, de Nino Bixio. Malgré la prise de Rome du XX septembre 1870, seulement la disparition de Mazzini deux ans plus tard a assuré les conditions politiques pour la récupération du corps du Mameli (embaumé par Agostino Bertani en 1849 et caché dans la crypte d’une église romaine); mais on a dû attendre la période de la Gauche au pouvoir afin qu’à côté de la figure de Garibaldi on célèbre également celle de Mameli, qui entre-temps était devenu aussi l’un des symboles de l’athéisme maçonnique. Si la portée révolutionnaire de sa figure s’est par la suite reflétée dans la production littéraire de Giosuè Carducci et de Anton Giulio Barrili et est entrée en permanence dans la mythographie révolutionnaire européenne, c’est la liturgie funéraire du fascisme qui se réapproprie de son patrimoine immatériel, en transportant sa figure vers une frontière politique sans précédent, à l’intérieur d’une relation complexe et difficile de la politique culturelle du régime avec l’héritage de l’histoire de la patrie.File | Dimensione | Formato | |
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