Dès le premier livre du traité Della moneta (1751), Ferdinando Galiani réfléchit sur la dimension intercontinentale qui caractérisait la société commerciale moderne. Ainsi, à partir de l’étude sur la monnaie et sur les possibilités de développement économique du Royaume de Naples face aux grandes puissances comme la Grande Bretagne et la France, il analyse le système d’exploitation coloniale. Galiani élabore une critique fine des formes de la colonisation et de la rhétorique du colonialisme ancrée sur l’idée du doux commerce. Sa contribution, d’une part, reconnaît les bienfaits de la société commerciale moderne et, d’autre part, elle en dévoile les aspects les plus cruels, notamment l’esclavage des Amérindiens et des Noirs africains. Si au début des années 1750 Galiani avait mis l’esprit de commerce à l’épreuve de la colonisation, pendant les années 1770 il diverge des termes critiques plus radicaux proposés par des ouvrages comme l’Histoire des deux Indes de Raynal. Cet article porte sur ces aspects de la pensée économique et politique de Galiani qui permettent d’en saisir toute la portée internationale : conçu dans les cercles savants napolitains, le traité Della moneta participe de plein droit au débat européen sur la colonisation au XVIIIe siècle.
L’esprit de commerce à l’épreuve de la colonisation dans le traité Della moneta
Alessandro Tuccillo
2018-01-01
Abstract
Dès le premier livre du traité Della moneta (1751), Ferdinando Galiani réfléchit sur la dimension intercontinentale qui caractérisait la société commerciale moderne. Ainsi, à partir de l’étude sur la monnaie et sur les possibilités de développement économique du Royaume de Naples face aux grandes puissances comme la Grande Bretagne et la France, il analyse le système d’exploitation coloniale. Galiani élabore une critique fine des formes de la colonisation et de la rhétorique du colonialisme ancrée sur l’idée du doux commerce. Sa contribution, d’une part, reconnaît les bienfaits de la société commerciale moderne et, d’autre part, elle en dévoile les aspects les plus cruels, notamment l’esclavage des Amérindiens et des Noirs africains. Si au début des années 1750 Galiani avait mis l’esprit de commerce à l’épreuve de la colonisation, pendant les années 1770 il diverge des termes critiques plus radicaux proposés par des ouvrages comme l’Histoire des deux Indes de Raynal. Cet article porte sur ces aspects de la pensée économique et politique de Galiani qui permettent d’en saisir toute la portée internationale : conçu dans les cercles savants napolitains, le traité Della moneta participe de plein droit au débat européen sur la colonisation au XVIIIe siècle.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.