Cet article se propose d’analyser les conditions de la lecture des romans dans la péninsule italienne au XVIIIe. Bien qu’on observe des ferments culturels et éditoriaux analogues à ceux qu’on trouve dans les autres pays européens, une ombre de diabolisation flotte toujours autour du livre et de la lecture, manifeste dans la méfiance envers le roman, mal vu non seulement par la censure ecclésiastique mais aussi par les gens de lettres conservateurs qui ne se reconnaissaient pas dans ce genre littéraire nouveau et sans tradition. Mais malgré les difficultés, plusieurs imprimeurs et libraires italiens investissent dans un genre qui conquiert une place significative au cours du XVIIIe siècle, avec des nombreuses éditions et contrefaçons, surtout des œuvres de Pietro Chiari et Antonio Piazza. Pour faire face à la mauvaise réputation du roman, les éditeurs doivent faire usage d’une stratégie de communication complexe, en misant sur la fiction qu’il s’agit de la traduction d’un roman à succès français ou anglais ou de l’ouvrage d’un auteur connu. En certains cas, ils recourent aussi à des « Avis aux lecteurs » dans lesquels ils essayent de rassurer les détracteurs du roman avec une explication paradoxale : le lecteur « peut bien oublier tout ce qu’il a lu », en laissant libre l’esprit pour d’autres lectures plus instructives. Façon de dire qu’il ne s’agissait pas d’une lecture dangereuse.
Livres à lire et à oublier : Les romans en Italie au XVIIIe siècle
L. Braida
2020-01-01
Abstract
Cet article se propose d’analyser les conditions de la lecture des romans dans la péninsule italienne au XVIIIe. Bien qu’on observe des ferments culturels et éditoriaux analogues à ceux qu’on trouve dans les autres pays européens, une ombre de diabolisation flotte toujours autour du livre et de la lecture, manifeste dans la méfiance envers le roman, mal vu non seulement par la censure ecclésiastique mais aussi par les gens de lettres conservateurs qui ne se reconnaissaient pas dans ce genre littéraire nouveau et sans tradition. Mais malgré les difficultés, plusieurs imprimeurs et libraires italiens investissent dans un genre qui conquiert une place significative au cours du XVIIIe siècle, avec des nombreuses éditions et contrefaçons, surtout des œuvres de Pietro Chiari et Antonio Piazza. Pour faire face à la mauvaise réputation du roman, les éditeurs doivent faire usage d’une stratégie de communication complexe, en misant sur la fiction qu’il s’agit de la traduction d’un roman à succès français ou anglais ou de l’ouvrage d’un auteur connu. En certains cas, ils recourent aussi à des « Avis aux lecteurs » dans lesquels ils essayent de rassurer les détracteurs du roman avec une explication paradoxale : le lecteur « peut bien oublier tout ce qu’il a lu », en laissant libre l’esprit pour d’autres lectures plus instructives. Façon de dire qu’il ne s’agissait pas d’une lecture dangereuse.File | Dimensione | Formato | |
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